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Etude de la tirade de Créon p 68-69

 





Antigone a été arrêtée et Créon veut comprendre pourquoi elle a agi. Créon veut étouffer l’affaire mais il se heurte à la détermination d’Antigone. Elle est de la race des orgueilleuses et lui s’oppose à cette race, il a une conception plus modeste et plus efficace de son métier de roi.
Lecture du texte

Quelques remarques

Dans cette tirade, Créon démontre que la fatalité est révolue. Le mythe est dévalorisé ainsi que le tragique. Il traite Antigone comme une enfant. Il prend la place de son père, il accuse Antigone de s'assimiler à Œdipe et donc d'obéir à la fatalité qui est cherchée par Antigone.

Commentaire

Introduction

Les gardes sont venus avec Antigone et Créon est bien embêté. Il est mis au défit par Antigone. Créon pense qu'Antigone imagine ne rien risquer à cause de sa qualité de fille d'Œdipe, Antigone nie, d'où l'expression l'orgueil d'Œdipe. Nous étudierons successivement Créon vis-à-vis du mythe par rapport à sa fonction de Roi et son attitude à l'égard d'Antigone.

I - Créon vis-à-vis du mythe par rapport à sa fonction de Roi

Créon reprend les éléments du mythe : "tuer votre père", "coucher avec votre mère", "apprendre tout cela après", "se crever les yeux", "aller mendier sur les routes", "un messager crasseux dévale ..." où l'on découvre le besoin de tête à tête avec le destin et la mort d'Antigone.

Le mythe est présenté avec un côté malsain : "breuvage", "boit goulûment", "avidement" comme si il procurait du plaisir lors de sa dégustation, ce qui est paradoxal : on prend plaisir avec ce qui va faire le malheur. Le registre familier est utilisé : "hein", ce qui a pour effet de désacraliser le mythe.

Quand on s'appelle Œdipe ou Antigone, l'orgueil, d'être au-dessus des autres, nourrit le plaisir. Le malheur humain, c'est trop peu pour eux. "l'humain vous gêne aux entournures dans la famille" : la nature humaine est trop étroite, ils sont à l'aise avec des choses qui n'arrivent pas aux autres.

"le plus simple après, c'est encore...", quelque chose qui a du être terrible pour Œdipe serait simple ? Oui : C'est tourner le dos à la vérité, il met un voile parce que la vérité est très aveuglante. Créon le traite de manière ironique, à la légère, il refuse ce mythe. Créon utilise le "votre" qui a pour effet de mettre Antigone dans le même panier que son père. Il utilise des infinitifs, qui généralisent comme si ça arrivait tous les jours. Le messager est dévalorisé : par l'adjectif "crasseux" et l'expression "dévale du fond des montagnes". "regarder ta tante sous le nez", pour vérifier l'identité de sa tante, expression familière qui dévalorise, confronter les dates est une attitude familière.

Conception du pouvoir de Créon : "Et bien non", on passe de l'époque du mythe au non-événement. Le pathétique éveille la pitié à l'égard des faibles, Créon dévalorise le tragique. Créon a une attitude réaliste : "les deux pieds par terre", "les mains [...] dans mes poches". Il est comme quelqu'un qui ferait son métier comme un paysan. Son objectif est de remettre de l'ordre dans le monde.


I - l’orgueil des Labdacides

La didascalie nous indique que Créon murmure car à ce moment-là, il prend conscience de la vraie nature d’Antigone.
" L’orgueil d’Œdipe " : il commence par une phrase minimale elliptique (sans verbe et qui va à l’essentiel) dont les mots sont mis en valeur par la répétition du son " e ".

Il répète " l’orgueil d’Œdipe " et cette prise de conscience se fait par le regard déterminé d’Antigone et les yeux sont le miroir de l’âme.
Le mot oui montre qu’il se rappelle du passé et qu’il connaît bien Œdipe et son orgueil pour avoir sauvé Thèbes du sphinx et de la peste.
Il se rend compte qu’Antigone veut être la meilleure comme son père.
Il s'est entièrement trompé sur son compte, il pensait qu’elle échapperait à la sanction, mais son destin est la mort.
Il met en évidence que la race des héros n’est faite ni pour le malheur ni pour le bonheur. L’humain ne les intéresse pas, il leur faut l’exceptionnel. " L’humain vous gêne aux entournures " métaphore originale, l’humain est comparé à un vêtement trop étriqué qui gêne les mouvements. Ils veulent affronter leurs destins au lieu de le subir.

Il rappelle le destin d’Œdipe, ce destin provoque chez eux du plaisir " avidement " " goulûment ".
Pour Créon, ce bonheur de faire souffrir autrui qui leur donne du plaisir est un bonheur à l’envers.
Selon lui, les héros et les humains s’opposent, les héros sont heureux d’aller si loin dans leur malheur, ils ont conscience d'avoir un destin unique.
Œdipe s’est auto-puni car il ne voulait pas vivre avec la vérité. Créon le considère comme un lâche. C’est pourquoi il refuse d’être un héros, il veut être un homme simple et réaliste. Il est un prince sans histoire.

II - Créon, un homme déterminé et réaliste

Le " non " s’oppose au " oui " du début. L’objectif de Créon est l’organisation de la cité. Le passé ne doit plus resurgir. La ville est personnifiée " Thèbes à droit ". Elle sera gouvernée par un homme comme les autres. " Moi, je m’appelle seulement Créon ".
Œdipe était un héros, Créon est un homme simple et il est content de l’être " Dieu merci "

Deux métaphores : " les pieds sur terre " " les mains dans les poches ". Son projet est de rétablir l’ordre à Thèbes. Il présente cela comme un travail simple et modeste. Il va exercer sa charge de roi avec dévouement même s’il n’a pas choisi d’être roi. Antithèse entre " aventure et " métier " rappelle le destin d’Œdipe opposé à l’énergie de Créon. Il va le prendre comme consciencieux " je vais le faire ".
Il anticipe l’avenir " si demain " et suppose qu’il pourrait être confronté au même problème qu'Œdipe. Lui réagirait différemment et traiterait le problème avec mépris.
L’homme est en partie responsable de son destin. Créon est un roi et ne veut pas se pencher sur ses états d’âmes. Son rôle politique est plus important que sa vie privée. Le collectif passe avant le personnel.

Conclusion
Conception très noble de la royauté et du pouvoir. Dévouement total à son métier alors qu’Œdipe est présenté comme un personnage égoïste et narcissique. Différence entre le héros et les hommes (thème d’Anouilh)
Idée très romantique reprise par Victor Hugo dans Hernani.



Ce que l’on peut lui reprocher à Créon

Créon a édicté une loi injuste, contraire à la santé publique (risque d’épidémie) ;
Il a fait mettre à mort avec cruauté une jeune fille, sa nièce, au nom d’une loi de circonstance ;
Il a causé la mort indirectement de deux autres personnages après les avoir réduits au désespoir (Hémon et Eurydice) ;
Il a cherché à sauver Antigone mais en étant prêt à faire " disparaître " les gardes, qui n’ont fait qu’exécuter ses ordres ;
Il a gouverné de manière autoritaire, sans tenir compte de lois promulguées par une assemblée.

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